compagnie BÉTON / nathalie BUREL

LECTURE MUSICALE


Lecture musicale, textes en musique, chansons. 50'

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Isabelle Bouvrain, Nathalie Burel, Frédéric Gransard, Pierre Marolleau, Julie Moreau, (Laetitia Shériff, Florian Mona.)

Les textes et chansons de DESSENTIMENTS sont extraits d’un livre-disque.
Les nouvelles de Nathalie Burel sont des dialogues, et près de trente musiciens se répondent en chanson. Tous sondent ensemble la conversation amoureuse, comment on dit l’attente, l’espoir, la rupture, les aveux.

Sur scène, deux ou trois comédiennes, deux musiciens (parfois trois ou quatre) lisent, chantent, jouent le récit d’une trajectoire de couple, un couple qui se perd et se retrouve indéfiniment, le déploiement d’une boucle, musicale et narrative.

L’amour comme une ritournelle. Un air à couplets répétés, à refrains, à motif.
L’idée qu’un couple joue toujours une partition, quelque chose de déjà là, chacun endosse un rôle dont les répliques et les didascalies sont préexistantes.
À l’inverse, la musique vient magnifier, cherche à nous faire croire au sublime ou à la singularité des situations, quand les mots nous disent le trivial, mais un trivial nécessaire.

Les mots cherchent l’inventaire, l’exhaustivité, l’épuisement du sujet. Et quand tout est dit, on trouvera un autre à qui redire, avec qui reprendre le refrain, le motif, essayer indéfiniment que la vie ressemble au moins un peu à la musique.

DATES

28-30/10/2025 LE GRAND CORDEL, Rennes
RÉSIDENCE
Isabelle Bouvrain, Nathalie Burel, Frédéric Gransard, Pierre Marolleau, Julie Moreau
Sortie de résidence / rencontre professionnels : 30/10 à 17h au Grand Cordel, Rennes.

02/10/2024 LES CHAMPS LIBRES, Rennes
LECTURE CONCERT 45’
Lecture et chant : Isabelle Bouvrain, Nathalie Burel et Julie Moreau.
Piano, chant, batterie : Frédéric Gransard et Pierre Marolleau.

20-22/09/2024 STUDIO RADMAR
ACCUEIL CRÉATION
Isabelle Bouvrain, Nathalie Burel, Frédéric Gransard, Pierre Marolleau, Julie Moreau.

23/01/2024 Librairie Comment Dire Rennes
LECTURE ET RENCONTRE
Isabelle Bouvrain, Nathalie Burel, Julie Moreau.

DESSENTIMENTS

DESSENTIMENTS est une proposition modulable, à géométrie variable. Une formule de poche, deux comédiennes et deux musiciens, aisément transportable et une proposition de luxe avec trois comédiennes et des invités musicaux. Un spectacle qui peut s’adapter aux lieux et aux contextes et permet ainsi une diffusion aussi bien en médiathèque que dans un théâtre, un salon du livre, une salle de concert…

Frédéric Gransard et Pierre Marolleau (chanteurs et musiciens)
Julie Moreau, Isabelle Bouvrain, Nathalie Burel (lectrices, actrices, chanteuses)
Pierre-Alexis Rouiller (création sonore)
Formule de luxe, grand format avec Florian Mona et/ou Laetitia Shériff (chanteurs et musiciens)

L’HISTOIRE ET L’ENVIE

H PAS DANSE PAS RESTO PAS VOYAGE CHERCHE FEMME SÉRIEUSE ET SENSÉE

Dans un journal, je trouve cette annonce.
Ça m’amuse d’abord, puis, très vite, ça me touche, terriblement. Qui fait ça ? Assume ça ? De se dire, avec pareille honnêteté ? Qui d’emblée dit ses manques. La vérité sans fard. Il ne dit pas ce qu’il est mais on peut l’imaginer honnête, franc. Peut-être cela ne suffit pas, mais qu’est-ce qui suffit ? Rien, jamais, ne nous assure d’être au bon moment, au bon endroit.

Et c’est exactement cet endroit instable que je veux raconter, que je veux sonder, cartographier.

Je ne veux pas exprimer ce que c’est qu’être amoureux. Roland Barthes dit : « Vouloir écrire l’amour, c’est affronter le gâchis du langage : cette région d’affolement où le langage est à la fois trop et trop peu, excessif (par l’expansion illimitée du moi, par la submersion émotionnelle) et pauvre (par les codes sur quoi l’amour le rabat et l’aplatit). »
C’est justement un certain gâchis du langage que je recherche. Je ne veux pas l’esquiver, je veux l’exhiber, en montrer les ressorts. Mettre à nu les rouages d’un paradoxe propre à l’amour. Ou au couple. (C’est bien là une nuance de taille). Souvent se désirer à deux, c’est chercher quelqu’un à qui parler, à qui se dire, échapper au silence. Mais là où se niche le paradoxe, c’est que sans doute, ce qui nous sépare ou ce qui nous tient à distance, est justement ce que l’on dit.

Nathalie Burel

LA FORME

Le dialogue est, comme une évidence, devenu la forme centrale du projet. Ou à l’occasion la tirade, quand l’autre renonce même à participer, mais toujours l’adresse, la tentative, qui semble ne jamais s’épuiser, de se faire entendre, comprendre, le risque sans cesse couru de la maladresse, de l’approximation fatale, de la conversation qui va glisser irrémédiablement vers l’affrontement pour peut-être un seul mot malheureux. Parce qu’il y a, dans ces échanges, tellement de nous en jeu. Parce qu’il y a tellement d’attentes, la déception guette, elle menace, elle gronde. L’autre ne dira jamais assez bien comme il nous aime, les mots ou les motifs qu’on espérait différents.

L’autre ne dira jamais non plus de façon satisfaisante, exhaustive pourquoi il nous quitte. Il nous restera des questions sans réponse, qui seront une ultime tentative de poursuivre la conversation dont la fin nous effraie tant.

Alors oui, si l’on ne danse pas, si l’on ne part pas en voyage, si rien ne vient interrompre le dialogue, il est nécessaire d’être sérieuse et sensée pour ne pas basculer pour un mot qui vient mal ou se fait trop attendre.

L’INTENTION

Un ensemble de dix ou douze dialogues et de quatre à six chansons.
Des femmes se parlent, s’éloignent, se rapprochent, des hommes s’aiment et se quittent, des femmes seules, des hommes sans personne à qui dire.

Le choix de trois comédiennes pour porter les dialogues permettait de ne pas poser la question du genre. Non pas la refuser ou la réfuter, mais postuler qu’à cet endroit disséqué, la mesquinerie, la jalousie, la cruauté, l’attente irrationnelle et irrésolue, l’humour, l’élan, le romantisme n’appartiennent à personne.

« Chacun veut vivre, personne ne veut être mort, tout le reste est mensonge. »
Thomas Bernhard / Béton

Depuis le début, la dimension musicale du projet était posée. Parce qu’il y a ce rapport si intime entre l’amour et la musique, faire l’amour en musique, dire l’amour en chanson, accentuer sa détresse amoureuse, pour étrangement la consoler, en écoutant des chansons tristes. Et cette impression naïve, quand on aime, que les chansons nous parlent et qu’elles parlent de nous.
Il fallait que, sur scène, se croisent, se rencontrent, les chansons et les dialogues.

La musique apporte sa voix aux scènes, s’efface, marque les ruptures. Les chansons surgissent comme un écho ou vont explorer une autre strate de la conversation amoureuse.
Nous souhaitions une forme homogène qui évite la succession arbitraire, aride, décousue. La musique et les textes devaient s’apporter, se répondre,
Que tout dialogue.

L’ÉQUIPE

Isabelle Bouvrain, actrice

Nathalie Burel, autrice, lectrice

Frédéric Gransard, musicien

Pierre Marolleau, musicien

Julie Moreau, comédienne

ET POUR LES FORMULES GRAND FORMAT :

Laetitia Shériff, musicienne

Florian Mona, musicien

EXTRAITS

CHOSES DÉSAGRÉABLES À VOIR

— Tu ne trouves pas que c’est romantique ? Que l’on se retrouve vingt ans après.
— Non. Tu m’as quittée il y a vingt ans parce que tu trouvais que je n’étais pas assez bien pour toi. Tu m’as recontactée parce que maintenant tu sais que tu ne vaux pas mieux.

CHOSES QUE LES GENS IGNORENT LE PLUS FRÉQUEMMENT

— Je ne te cache pas que je suis un peu réticente à l’idée d’être là. La dernière fois que l’on s’est vu tu m’as dit que tu préférerais me savoir morte plutôt que d’avoir à me recroiser.
— J’étais triste à crever.
— Oui, mais c’est de ma mort dont tu parlais.
— Tu n’as pas pu prendre ça au sérieux.
— Non. Mais je m’étais faite à l’idée qu’on ne se reverrait plus.
— Ça te rendait triste ?
— Non, j’étais plutôt soulagée.
— Je te remercie.
— Non, tu ne comprends pas. Je parle de culpabilité.
— Il faut bien ressentir une légère douleur en compensation de la souffrance que l’on inflige avec tant de violence.
— Tu m’as invitée pour me faire des reproches ?
— Non. Excuse-moi, je me suis emportée et ce n’est pas de ta faute. Je suis un peu fragile en ce moment. Je suis venue te demander pourquoi tu m’as quittée.
— Qu’est-ce que tu veux savoir exactement ?
— Je veux savoir ce qui cloche chez moi. Ce qui ne va pas que je ne vois pas.
— On ne s’est pas vu depuis quatre ans. Tu n’as pas d’amis proches à qui demander ça ? On ne se connaît plus.
— Deux ans après notre rupture, j’ai rencontré Sophie, nous vivions quelque chose de vraiment bien et de spécial. Nous avons emménagé ensemble il y a six mois en parlant de fonder une famille et elle m’a annoncé la semaine dernière qu’elle me quittait. Sans me donner de véritable raison.
— Elle ne t’a rien dit ?
— Des conneries. Des trucs vagues et des détails.
— Je ne vois pas comment je peux t’aider. Vraiment.
— Ça peut te paraître étrange comme démarche, mais c’est comme une évidence. Les deux femmes de ma vie me quittent quand nous nous apprêtons à construire véritablement quelque chose, alors même que je suis persuadé que tout va bien dans mon couple. Alors je te le demande comme un service, dis-moi la vérité. Dis-moi pourquoi tu m’as quittée. Ne me mens pas cette fois. J’en ai besoin. Même si c’est atroce à annoncer à quelqu’un. J’ai bien réfléchi, je préfère n’importe quoi plutôt que ce doute horrible.
— Je vois où, avec un peu de paranoïa et d’égocentrisme, tu as pu arriver. Mais je t’assure que tu te trompes. Je suis certaine que ton amie n’est pas partie pour les mêmes raisons que moi.
— Tu as décidé de partir du jour au lendemain. Et tu n’es pas partie pour quelqu’un d’autre. Je m’étais renseigné à l’époque. Je sais que tu es restée longtemps seule. Tu ne m’as pas donné d’explication. Tu n’avais rien à reprocher ni à moi ni à notre couple. Tu m’as laissé avec des questions insolubles. Et quatre ans après, avec une femme qui te ressemble si peu, il m’arrive la même chose. Il faudrait que je croie que cela n’est pas lié à moi ?
— Je ne sais pas pour elle évidemment mais je te le redis aujourd’hui : je ne suis pas partie à cause de toi, ni parce que quelque chose me déplaisait dans notre histoire. Et je ne suis partie pour personne. Je ne pouvais plus être là.
— Tu réalises que c’est irrationnel ? On ne peut pas faire croire ça à qui que ce soit. Personne ne fait ça. Tu as préféré être seule et malheureuse qu’heureuse avec moi.
— Oui, quelque part.
— Et tu as décidé ça en te levant un matin.
— Non.
— Je ne sais pas si tu me prends pour une conne ou si tu essaies de me rendre dingue, mais s’il te reste un vieux fond de sympathie pour moi, s’il te plaît, dis ce que tu as à dire.
— Je n’ai pas décidé de te quitter. Je n’avais pas d’autre choix. Je n’ai même pas imaginé pouvoir faire autrement. Je t’ai quittée un dimanche soir, nous venions de passer un week-end chez tes parents. Le samedi matin quand tu étais au marché avec ta mère, j’ai couché avec ton père dans son bureau.

LE LIVRE-DISQUE

Afin que le disque réponde à l’exigence du dialogue, une partie des musiciens a composé une chanson qui est une adresse amoureuse. Chaque morceau a été envoyé à un autre groupe ou artiste qui a alors composé sa réponse. Le disque s’ouvre et se ferme par ailleurs avec un duo. Le spectre des thèmes embrasse aussi bien la lassitude, la déclaration que l’inquiétude, l’aveu à l’autre comme une supplique ou une blessure.
Pour le livre, j’ai écrit des dialogues amoureux, qui disent pareillement le doute, l’abandon ou l’envie malgré tout, les bras qui se baissent et les tentatives. J’ai voulu que cela soit triste, cruel ou drôle. Comme l’amour ?
Les dessins explorent autrement encore la contrainte formelle du dialogue, une adresse et une réponse en champ et contre champ. Des images qui, dans un détail parfois, révèlent ce qui manque aux mots, soulignent leur cruauté ou leur vacuité, leur urgence quand ils sont empêchés, révèlent la beauté quand même parfois de la banalité assumée d’un quotidien partagé.
Il fallait un objet où rien ne soit illustration de ou au service de mais où tout, justement, dialogue, se répond, se nourrisse de l’autre, de sa voix. Pour souligner davantage cet ensemble, cette démarche partagée, chaque œuvre emprunte son titre aux Notes de chevet de Sei Shonagon.
Choses assemblées, chantées, composées, écrites, dessinées, enregistrées, interprétées, masterisées, mixées, photographiées par : Badame l’ambasadrise Yoann Buffeteau Nathalie Burel Arnaud Dumatin Stéphane Fromentin Fred Gransard Luc Guillin Gwendoline Agathe Halais Antoine Husson Institut Pascal Jollivet Perrine Labat Vincent Lecouplier Stephan Le Scouarnec Emmanuel Mario Pierre Marolleau Florian Marzano Florian Mona Federico Mora Julie Moreau Gilles Morillon Nylso Arthur Paichereau Thomas Poli Valentin Prézelin Laureline Prod’homme Astrid Radigue Pierre-Alexis Rouillé Nina Savary Laetitia Shériff Simone Setti The Soap Opéra Damien Tillaut Isa Valenti Pietro Vecchi Professeur Zorino
Ce projet a été accompagné, soutenu et édité par les éditions GOATER en décembre 2023.

LE SITE WEB DU LIVRE-DISQUE

https://dessentiments.org/

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